L’oratoire de marines

Par José Gilles

Le premier prieuré de Marines a été fondé à proximité de l’église par l’abbaye St-Vincent de Senlis, à qui le roi Louis VI Le Gros (1081-1137) avait donné la cure du lieu, vers l’an 1130. L’église ayant été ravagée par les Anglais durant la guerre de Cent-Ans, elle fut en bonne partie reconstruite au XVIe siècle. Le prieuré de Marines reçut de nombreux dons des seigneurs successifs du lieu, et perdura quand à lui tant bien que mal jusqu’à l’aube du siècle suivant.

Vivaient là un prieur-curé, secondé souvent par un vicaire et un chapelain, jusqu’au moment où le prieur devint commendataire, c’est-à-dire simple bénéficiaire des revenus de l’établissement, dont il déléguait l’administration à ses subalternes. De là s’ensuivit une certaine décadence du prieuré, à laquelle le nouveau seigneur de Marines, Nicolas Brulart de Sillery, entreprit de remédier.

La maison et l’Eglise
vue du Jardin

Le chancelier de Sillery, ancien garde des sceaux du roi Henri IV, obtint en effet la permission du souverain Louis XIII et surtout du pape de l’époque de fonder un nouvel établissement religieux à Marines en remplacement du prieuré vieillissant. Le nouveau prieuré fut confié à la congrégation des Révérends Pères de l’Oratoire, fondée peu de temps auparavant par le cardinal de Bérulle, qui prit possession des lieux en 1618. Un acte notarié sanctionna la chose, par lequel Nicolas Brulart s’engageait à faire construire un nouveau prieuré-cure pour loger les desservants et à leur verser 400 livres de revenu annuel pour leur entretien.

En contrepartie, les pères, qui devaient être au nombre de sept plus leurs servants, s’engageaient à desservir l’église, à célébrer les messes, à faire le catéchisme, et à tenir les petites écoles de la paroisse… Le pavillon carré situé entre l’église et l’oratoire lui-même semble avoir été construit un peu plus tard, vers 1670, par Michel Duchesne, maître maçon marinois.

Le nouvel Oratoire de Marines, installé dans les bâtiments que l’on peu encore voir de nos jours, a été longtemps un modèle dans la région, on y tint de nombreux séminaires et synodes, et il reçut de nombreuses personnalités comme Jean Eudes ou Jean-Jacques Rousseau.

Mais les revenus n’étant pas réévalués, ils s’avérèrent par la suite insuffisants pour entretenir le nombre de personnes prévues, qui diminua, et avec lui les services rendus, en particulier concernant les écoles.

S’ensuivirent des remontrances puis des procès avec les seigneurs de Marines, qui culminèrent au XVIIIe siècle sous les marquis de Gouy d’Arsy, et l’Oratoire tomba peu à peu dans une certaine décadence.

La Révolution précipita la chute de l’établissement. Le dernier prieur quitta l’habit ecclésiastique pour fonder une petite école dont la commune avait sûrement grand besoin, tandis que la belle bâtisse fut vendue comme bien National en l’an II, pour 50.600 livres. La commune obtint néanmoins de conserver le pavillon carré, qui accueillit durant quelques temps la nouvelle brigade de gendarmerie !

La partie acquise par la famille Jarry fut cédée en 1821 au sieur Cailleux, notaire à Marines, puis passa par succession à la famille Batardy, futurs châtelains de Marines.

La veuve Batardy voulut y fonder une nouvelle école confessionnelle, et malgré le contexte politique de la fin du XIXe siècle qui n’était pas très favorable, elle parvint à installer des sœurs dans ce qui devint « L’école de l’Oratoire ».

Contrairement à ce qu’on a pu dire auparavant, les héritiers Batardy vendirent finalement les lieux au diocèse de Versailles, non pas pour une somme symbolique, mais moyennant 40.000 francs, le 14 juin 1924. Le diocèse y poursuivit quelques temps l’œuvre des Batardy, sous le nom d’école « Notre-Dame du Bon Conseil », mais celle-ci dut fermer en 1930 et la bâtisse demeura inoccupée jusqu’à ce que les allemands s’y installent durant la guerre.

Après guerre, les bâtiments et les jardins de l’Oratoire sont utilisés par la paroisse pour le catéchisme, l’accueil de scouts ou pour des kermesses. Mais ce n’est qu’après de grands travaux, que l’Oratoire renaît finalement en 1966 sous la forme d’un Institut de rééducation psychothérapique, financé par les services sociaux. L’établissement, qui accueille de jeunes enfants souffrant de difficultés familiales, est géré par l’Association de l’Oratoire, qui paye un loyer modéré au diocèse, désormais de Pontoise, propriétaire des murs.

En 2005, l’établissement, devenu Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique, accueille en pension une quarantaine d’enfants encadrés par autant de personnes spécialisées dans divers domaines. Mais les locaux sont exigus, inadaptés, et plutôt que d’entreprendre une coûteuse modernisation, l’association de l’Oratoire préfère faire construire en 2010 de nouveaux bâtiments à la sortie de Marines, du côté de la Lévrière.

La Vierge de la Cour d’entrée

Dès lors, la vénérable maison de l’Oratoire se retrouve vide de tout occupant. Le diocèse envisage un moment d’y créer une maison de repos pour prêtres retraités, mais finalement c’est la ville de Marines qui rachète le bâtiment. L’intention de la commune est d’y créer une résidence pour personnes âgées autonomes, après avoir entrepris la modernisation nécessaire, dans le respect de l’architecture séculaire du lieu…

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